Génie écologique Renouées asiatiques : la gestion récompensée
Le projet « Gestion des renouées asiatiques invasives » a remporté le prix « Infrastructures pour la mobilité, biodiversité et paysage ».
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Les lauréats 2016 du Prix « Infrastructures pour la mobilité, biodiversité et paysage » (IMBP) ont été récompensés le 8 décembre dernier. Organisé par l'Institut des routes, des rues et des infrastructures pour la mobilité (Idrrim), ce prix récompense chaque année les meilleures initiatives prises par les acteurs impliqués dans les infrastructures de mobilité (routes, voies vertes, voies ferrées et fluviales...) « en faveur de la préservation, de la restauration et de la valorisation des écosystèmes, de la biodiversité et du paysage ». Parmi les lauréats, le projet « Gestion des renouées asiatiques invasives en bord d'infrastructures » a été récompensé dans la catégorie « Génie écologique ».
Combattre et valoriser
Le projet porté par Noremat, constructeur française fournissant des solutions d'entretien du paysage et de valorisation de la biomasse, a été lancé en 2014 en partenariat avec Ensaia (École nationale d'agronomie et des industries alimentaires), l'université de Lorraine, l'association des botanistes lorrains Floraine et l'association des Amis de la chèvre de Lorraine. Il a pour objectif principal de fixer des préconisations simples, peu coûteuses et efficaces de lutte contre les renouées invasives, en prenant en compte les problématiques et contraintes technico-économiques des gestionnaires d'infrastructures, puis de les diffuser largement. Il comprend trois actions principales : synthétiser les connaissances, mettre en pratique différentes méthodes de lutte et s'assurer de la possibilité de valoriser les coproduits de renouées par méthanisation en toute innocuité. Un volet scientifique accompagne l'ensemble du projet.
Combiner les méthodes
La lutte combine plusieurs techniques : la fauche mécanisée répétée avec collecte et valorisation, l'écopâturage, le bâchage en surface et la restauration écologique. Sur les parcelles fauchées toutes les cinq à dix semaines, la hauteur des plantes diminue de près de 50 % au bout de deux ans, voire plus, et les tiges sont plus fines. Ces dernières doivent être broyées, avant que la plante ne produise ses akènes (avant la fin de l'été). Des tests ont montré l'absence de risque de dissémination par le broyat de tiges. Les rhizomes ne doivent pas être manipulés, car déplacés hors de leurs massifs d'origine, ils peuvent repousser.
Collectés, les coproduits de fauche évitent l'amendement du sol (repousse rapide de la végétation) et l'encombrement des fossés. Le broyat est valorisé par méthanisation (biogaz et digestat utilisé comme fertilisant). Pour traiter les zones difficiles d'accès (terre-pleins centraux, talus...), le projet teste l'écopâturage : les chèvres raffolent des feuilles de renouées mais sont moins friandes des tiges, qu'il faut faucher manuellement et broyer. À l'issue de deux à quatre années de fauchage, le terrain est confiné pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Le bâchage en surface à l'aide de bâches d'ensilage agricole est étudié afin d'évaluer une mise en oeuvre de chantier plus légère que le bâchage sous terre avec excavation.
Les résultats, encourageants, ne nécessitent qu'une surveillance hebdomadaire : coupe de rejets aux interstices, contrôle des agrafes... La restauration écologique consiste ensuite à implanter des espèces adaptées pour concurrencer l'invasive en place.
Valérie Vidril
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